mardi 8 mars 2022

Pêle-mêle de souvenirs de La Réunion



Dans un billet précédent, je partageais mon expérience et ma vision bien subjectives du mouvement des Jill & John dans sa version réunionnaise.

http://sous-les-lambrequins.blogspot.com/2022/02/des-gj-ce-quon-voit-de-la-liberte-trois.html


À cette époque déjà lointaine, je feuilletais de temps en temps « Le quotidien » et « Le journal de l’île », qui paraissaient quotidiennement et qui consacraient chacun un bon quart de leurs pages aux faits divers et aux chiens écrasés, un autre aux résultats sportifs, un autre encore aux publicités et le dernier enfin aux nouvelles du reste du monde, pétromole comprise. Les petites annonces et les annonces légales occupaient le milieu des feuillets et selon le jour, le mois où le moment de l’année, étaient plus ou moins nombreuses.

Quelques semaines à peine après le début du mouvement des GJ, j’ai constaté un phénomène intrigant : soudain, et pour une raison que je ne comprenais pas, une quantité impressionnante de sièges sociaux se sont mis à déménager des beaux quartiers parisiens pour s’installer à des adresses nettement moins chics, aux quatre coins de l’île, avec une prédominance tout de même pour la région ouest. Je me suis demandée si l’île avait acquis récemment le statut de paradis fiscal justifiant l’arrivée massive de tant de personnes morales. Alors qu’à La Réunion, le mouvement s’essoufflait et que les manifestations devenues hebdomadaires à Paris se sont poursuivies, le phénomène s’est encore amplifié. Et là, la question que je me suis posée c’est « Paris brûle-t-il ? ». C’était quelques semaines seulement avant l’incendie de Notre-Dame.


Il était d’autant plus surprenant de voir défiler ces pages entières d’annonces légales que dans le même temps, les candidats à la création d’entreprise de toute l’île étaient confrontés eux à des difficultés « informatiques » les empêchant de procéder à l’immatriculation de leur activité.

Je n’ai pas conservé la pile de journaux de l’époque mais j’ai trouvé ce blog qui montre, tableaux et graphiques à l’appui, le bond extraordinaire des immatriculations de sociétés enregistrées pour les années 2019 et 2020 à La Réunion. 

https://societe.politologue.com/greffe/saint-denis-de-la-reunion.zqwmd?p=58


Le nombre de bateaux de plaisance s’est lui aussi nettement accru. Tout comme le nombre de touristes en provenance du Nord de l’Europe. Certains, venus passer plusieurs mois sur place avec le projet de s’installer de manière définitive sur le caillou de 2800 km2, petit et perdu mais au tableau de chasse du patrimoine de l’Unesco.

J’ai même pensé que des rescapés fortunés de Saint-Barth et Saint-Martin avaient dû eux aussi changer d’océan et d’hémisphère pour poser bagages et bateaux de plaisance dans les eaux réunionnaises.


Je n’oublie pas non plus ce bateau de migrants sri lankais arrivé au port de Sainte-Rose entre Noël et jour de l’an, alors que l’encre des accords de Marrakech était à peine sèche.


Il faut aussi que je vous dise que depuis les années 60, tout est fait pour que les réunionnais natifs quittent l’île et ne puissent plus y retourner. Un peu comme les chagossiens, chassés de l’archipel des Chagos qui abrite maintenant la base U.S de Diego Garcia.

Debré et son Bumidom (bureau de migration des DOM) ont conduit la jeunesse à partir chercher ailleurs « un avenir meilleur ». L’organisme a changé de nom maintes fois mais son projet est toujours le même. Et si dans les années 60, l’unique destination était la pétromole, au fil du temps, elle a évolué. Dans le cadre de l’Union européenne, les jeunes sont partis en Angleterre, en Belgique, en Allemagne... pour y étudier ou travailler. Plus tard, d’autres sont allés au Canada ou en Australie pour les mêmes raisons. Plus récemment, des postes de travail étaient proposés aux chômeurs dans les pays voisins, des îles de l’océan indien à la côte Est africaine... qu’importe où, mais la jeunesse doit s’en aller.

En 2018, je fus témoin d’une scène incroyable dans une agence de voyage du sud de l’île. Une femme venue prendre des allers-simples Réunion-pétromole pour elle et ses deux jeunes enfants a eu à débourser dix-sept euros, pas un de plus. 17 € pour 12.000 kilomètres en avion. Une misère pour un charter de migrants, soi-disants français...


Et puis cette tournée de conférences d’un universitaire réunionnais dans les communes de l’île sur le thème du « grand remplacement ». Un sujet semble-t-il au goût du jour dans bien des endroits sur cette planète.


Et je ne parle pas des « enfants de la Creuse » ni des femmes stérilisées à leur insu.


« La Réunion est une terre d’expériences » - Manuel Valls, juillet 2015.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai omis de cliquer sur anonyme. Voyons si le bouzin aura anonymisé mon message.
Dom

Nadège Rivière a dit…

Un, deux
Un, deux
Rassurez-vous Dominique. À mes yeux et à ceux des lecteurs de mon blog, vous êtes toujours un parfait inconnu.
En revanche, BB is watching us, pas vrai ?

Anonyme a dit…

Je me suis mal exprimé : n'ayant pas cliqué sur "anonyme", mon commentaire était resté sous le label "goo gle". N'ayant pas ouvert de compte goo gle sousleslambrequins. Ne le boyany plus, j'ai donc cru que mon message serait perdu. D'où, j'y viens enfin, j'espérai que le bouzin aurait mis mon message sous le label "anonyme". Et je suis sorti.
En sortant j'ai perdu mon message alors qu'il me suffisait de faire marche arrière avec la touche "retour". Ce que j'ai compris par la suite.)
( Pour éviter cette misère à des maladroits de mon genre, il conviendrait que "anonyme" soit le label par défaut.)
PS : J'ignorai que le choix "anonyme" empêche au propriétaire du blog de voir l'adresse mail. Vous me l'apprenez.
Évidemment, BB goo gle sait tout de nous, ce qui est terrifiant. ( En est-il de même partout, en Chine par exemple ? )

Nadège Rivière a dit…

À ce sujet voir
http://sous-les-lambrequins.blogspot.com/2022/03/le-credit-social-la-chinoise-une.html

Paul-Emic a dit…

on ne connait pas tous ces détails de l'ignominie de la ripoublique

Nadège Rivière a dit…

Ce ne sont là que quelques petites anecdotes. Mises en perspective, elles laissent imaginer la suite probable des événements.
Ici et là, on peut lire ou entendre des propos parfois très virulents à l’égard de ces « territoires » qui coûtent à la France « les yeux de la tête » et qu’il faudrait « larguer ».
Quand je les lis et les entends, j’ai presque le sentiments que ceux-là mêmes qui tiennent de tels propos sont déjà sur place, là-bas, et ils sont tout prêts à prendre les commandes du bateau...
Et pour préparer les esprits, pendant plusieurs années, une série du genre « Plus belle la vie » a été tournée sur place, diffusée et rediffusée plusieurs fois par jour (je vous assure !). J’ai vu ce truc à la télé chez des proches et j’ai halluciné d’abord sur le titre « Cut ! », sur les acteurs (quasiment tous métros) et sur le contenu... tout un programme !

Anonyme a dit…

Petit à petit, les îles passent sous contrôle anglo-américain. Même une possession jusqu'alors britannique et qui est devenue un pays indépendant est restée membre du Commonwealth.

Nadège Rivière a dit…

Je ne dirais pas ça. Mais plutôt que sous le couvert d’ONG privées, le bien commun qui est censé appartenir à tous est soustrait au domaine public. Et en un mot privatisé.