La colère est mauvaise conseillère et ceux qui manipulent tout ce petit monde savent très bien comment faire enrager la foule.
Revenons s’il vous plait un moment dans le « monde d’avant ». À cette époque où j’assistais à La Réunion à « la crise des gilets jaunes ».
Avec la multitude de ronds-points qui jalonnent le principal axe routier qui fait le tour de l’île, il a suffit d’une poignée d’heures et de pas grand-monde pour parvenir à immobiliser le trafic et suspendre relativement brutalement les activités des quasi 800.000 habitants.
Le blocage du port, où transite l’essentiel des approvisionnements, s’est traduit très rapidement par des pénuries. Je vous laisse imaginer ce qu’ont généré le rationnement (et parfois l’absence) du carburant, la suspension des transports en commun, les distributeurs de billets vides, la fermeture des services publics et des commerces… et l’instauration par le préfet d’un couvre-feu et de l’état d’urgence.
Des commerces furent pillés, des particuliers rackettés à leur domicile ou en voiture au passage de certains ronds-points. Des éleveurs ont même été contraints d’abattre tout ou partie de leur bétail, faute de pouvoir le nourrir. Sans parler des problèmes d’équarrissage en plein été austral...
Quant aux radios, celle du service public « Réunion la première » (de quoi on se demande) ou Radio Freedom (de Camille Sudre, l’homme en blanc qui a mis le quartier du Chaudron en ébullition avec sa manif des casseroles au début des années 90), elles avaient suspendu leurs programmes habituels pour consacrer tout leur temps d’antenne à la seule crise des GJ. Plus populistes, tu meurs ! À diffuser en direct tous les cris et les grincements de dents, sans aucun filtre, sans aucun recul et sans aucun effort d’analyse ou de synthèse, le but étant visiblement de tendre le micro à toute la colère et la rage du peuple qui s’est déversée telle une ravine en crue pour atterrir dans l’oreille de tout un chacun. Avec des questions plus qu’orientées et une sélection évidente des interventions, les deux médias ont contribué à instaurer un climat digne du régime de Polpot, en créant un véritable champs de bataille où se succédaient, sans véritable dialogue, les pro et les antis. Bonjour les clivages ! Bonjour la fracturation ! En l’espace de deux semaines, j’ai vu cette île, longtemps vendue pour son « vivre ensemble » de carte postale, se transformer en une véritable poudrière.
Tout ça pour 3 péquins plantés à chaque rond-point !
L’opération aura duré tout au plus trois semaines. Et, hormis quelques ronds-points toujours occupés, les affaires ont très vite repris. À Noël, la plupart des gens avaient déjà oublié…
Et au final, qu’en est-il sorti ? Un « panier ». Oui, une liste de courses définie par la préfecture pour « lutter contre la vie chère ». Et, curieusement, ce panier ne contenait pour l’essentiel que des produits importés. La belle affaire !
Et puis, comme la « campagne des 100 fleurs », la crise aura permis de repérer les « dissidents », quelques meneurs plus soucieux de leur intérêt personnel et des marginaux désintéressés et n’ayant pas grand-chose à perdre, hormis leur intégrité physique.
Ce fut aussi l’occasion d’une démonstration de force de la part de l’Etat, la sinistre de l’outre-mer de l’époque ayant fait intervenir l’armée. Initialement pour débloquer le port mais quel besoin ont-ils eu d’aller répandre des gaz lacrymogènes à proximité d’un EPHAD ?
Pour l’anecdote, en juillet 2015, je suis allée entendre le discours de Valls, encore premier ministre et de passage dans le sud de l’île pour je ne sais plus quelle raison. Je me souviens parfaitement de cette phrase qu’il prononça et qui, avec le temps, prend tout son sens « La Réunion est une terre d’expérience ».
Jusqu’à présent, je reste persuadée qu’à l’abri du mouvement populaire « familial et bon enfant » présenté par les merdias, il s’agissait d’un exercice (militaire) grandeur nature couplé à une étude d’impact du phénomène à l’échelle de l’île entière.
Lorsque le mouvement des camionneurs canadiens a fait irruption à la une des quelques médias alternatifs que je consulte sur internet, j’ai, très vite, eu la sensation de « déjà vu ».
À l’instar des gilets jaunes, cette réaction qualifiée de « populaire » qui s’est répandue via les réseaux sociaux comme une traînée de poudre m’a aussitôt paru suspecte...
http://sous-les-lambrequins.blogspot.com/2022/01/mais-pourquoi-le-15-fevrier-lendemain.html
Populaire est un terme qui recouvre tant de sens ! Selon mon dictionnaire préféré, il désigne ce qui :
- appartient au peuple
- est composé de gens du peuple
- est destiné au peuple
- concerne la plus grande partie de la population
- a la faveur du peuple
- émane du peuple
En l’occurrence, « ce qu’on voit de la liberté » passe pour être un mouvement qui, à la fois, émane du peuple, a sa faveur, et est composé de gens du peuple, tout comme le mouvement des GJ en son temps.
Le lien entre les deux semble d’ailleurs confirmé par l’une des figures des GJ qui aurait revendiqué faire partie de l’organisation de la version française du défilé de camions.
Mais à y regarder de plus près et en creusant un peu, il y a de quoi se poser de sérieuses questions.
http://sous-les-lambrequins.blogspot.com/2022/02/de-lukraine-bruxelles-en-passant-par.html
Que dire de l’attitude de ces médias alternatifs et de leurs plumitifs qui, depuis hier, ont l’air de faire comme si de rien n’était, sans un seul mot, pas le moindre commentaire à propos de ce qui s’est passé ce samedi à Paris et encore moins du vide sidéral du côté de Bruxelles.
Et de celui-ci, à qui un « subversif » confie :
« « Convoi de la liberté : le pouvoir panique »
mouais…le titre ne reflète pas vraiment le contenu..m’enfin bon.. il a au moins le » mérite » d’être accrocheur…en tout cas je te trouve bien optimiste « le boss »( c’est comme ça qu’on t’appelle ici? ) à force de dire à longueurs de billets que nos zélites/parasites vont finir par décrocher,se faire laminer,etc,etc……on voit toujours rien venir! mais ça finira par arriver …peut-être au prochain épisode? ..en attendant faisons durer le SUSPENS! »
Sans commentaire !
Tel autre encore qui pousse des cris d’orfraies et s’offusque que les autorités sanctionnent une personne en vue qui a déclaré son soutien au convoi ...
En guise de consolation, il y en a un qui offre à ses lecteurs les conseils d’un avocat pour se soustraire au paiement des amendes reçues pour avoir participé au mouvement.
Et tous ceux qui dénoncent la réponse musclée des forces de l’ordre qui avaient pourtant, comme les camionneurs, elles aussi annoncé la couleur.
Enfin, ces personnages dont la fonction première est de mettre de l’huile sur le feu pour faire réagir « le peuple », que ne s’en prennent-ils pas plutôt aux médias propagandistes et à leurs financeurs ? Ah mais oui, bien sûr, comme Iznogood, leur rêve c’est d’être calife à la place du calife et en portant « la voix du peuple », ils espèrent s’assurer son suffrage ! Et pour rester audible et visible, à tout prix rester con-sensuel !
En attendant, les petites gens, les naïfs et les doux rêveurs qui se sont joints à « ce qu’on voit de la liberté » en sont pour leurs frais : amendes, interpellations, sans parler du fichage, du coût du péage et du carburant ni des dons consentis à une pseudo-organisation et utilisés à son unique profit.
Quel naufrage !
Pour les fines bouches, voyez ce que pensent certains observateurs de « la belle province » des fruits amers du mouvement des camionneurs.
https://les7duquebec.net/archives/270143
C’est tout de même un sacré tour de passe-passe qui vient de se dérouler sous nos yeux !
Grâce à cette petite poignée d’excités aveuglés et manipulés, voilà ce à quoi « ce qu’on voit de la liberté » ressemble en réalité...
http://echelledejacob.blogspot.com/2022/02/convoi-lanalyse-clairvoyante-de-natacha.html
Vous savez quoi ? Tous ces gens me donnent envie de gerber... sous leurs airs cabochards, ils me font l’effet de vulgaires mouches du coche, juste bons à jouer aux agitateurs de salon, aux gourous de quartier, aux bouffons et aux fous du roi, aux complices du système. Consciencieux, ils distribuent les rasades, tel des barman soucieux de remplir leur troquet du murmure des buveurs mais plus encore leur caisse du prix de leur torpeur. Tu parles d’une tournée ! Demain je rases gratis oui, et c’est toujours ça de pris ! Tiens !
Allez ! À la tienne Etienne et à samedi prochain !